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Le 24 f茅vrier dernier, l鈥檃rm茅e russe entrait ill茅gitimement en Ukraine par l鈥橢st, le Nord et le Sud. L鈥檜ne des principales consid茅rations invoqu茅es par Vladimir Poutine dans pour justifier cette offensive 茅tait la n茅cessit茅 de prot茅ger les habitants des deux r茅publiques s茅cessionnistes de Donetsk et de Lougansk, qui 茅chappaient depuis des ann茅es au contr么le du gouvernement de Kiev 鈥� un gouvernement que Moscou consid猫re par ailleurs comme une marionnette entre les mains de l鈥橭ccident.
Si l鈥檕n remplace dans la phrase pr茅c茅dente Donetsk et Lougansk par Abkhazie et Oss茅tie du Sud, et Kiev par Tbilissi, on retrouve pratiquement la situation d鈥檃o没t 2008, qui vit la Russie livrer une et reconna卯tre l鈥檌nd茅pendance de ses deux entit茅s s茅paratistes.
Quels enseignements peut-on tirer de ce pr茅c茅dent pour analyser la crise actuelle ?
Un air de d茅j脿-vu
Commen莽ons par un bref rappel.
L鈥橴RSS 茅tait compos茅e de quinze 芦 R茅publiques socialistes 禄. Chacune de ces R茅publiques abritait en son sein des entit茅s de divers rangs, le plus 茅lev茅 茅tant celui de 芦 R茅publique autonome 禄.
Quand l鈥橴nion a 茅t茅 d茅mantel茅e, les quinze R茅publiques socialistes qui la constituaient 鈥� la Russie, les trois pays baltes, la Bi茅lorussie, l鈥橴kraine et la Moldavie c么t茅 europ茅en ; l鈥橝rm茅nie, l鈥橝zerba茂djan et la G茅orgie dans le Caucase ; et les 芦 cinq Stan 禄 en Asie centrale 鈥� sont devenues autant d鈥櫭塼ats ind茅pendants, dans les fronti猫res qui 茅taient les leurs du temps de l鈥橴RSS.
脌 l鈥櫭﹑oque sovi茅tique, la G茅orgie 茅tait une R茅publique socialiste. L鈥橭ss茅tie du Sud, peupl茅e d鈥橭ss猫tes, un peuple distinct de la majorit茅 des G茅orgiens, 茅tait une R茅publique autonome 脿 l鈥檌nt茅rieur de la G茅orgie. 脌 la faveur du d茅membrement de l鈥橴RSS, elle proclame une ind茅pendance que ne reconna卯t pas Tbilissi (la capitale g茅orgienne).
Zviad Gamsakhourdia, 脿 la t锚te de la G茅orgie 脿 partir de 1990, met en place une politique nationaliste qui prive rapidement l鈥橭ss茅tie du Sud des 茅l茅ments de son autonomie relative vis-脿-vis de Tbilissi.
Les tensions entre G茅orgiens et Oss猫tes aboutissent 脿 un au printemps 1991. Avec l鈥櫭﹍ection 脿 la pr茅sidence de la G茅orgie d鈥櫭塪ouard Chevardnadze au mois de mars 1992 et le d茅ploiement d鈥檜ne force de maintien de la paix 鈥� compos茅e de G茅orgiens, d鈥橭ss猫tes et de Russes 鈥�, le conflit se stabilise.
Parall猫lement, dans la r茅gion de l鈥橝bkhazie, 茅galement R茅publique autonome au sein de la R茅publique socialiste de G茅orgie du temps de l鈥橴RSS, un entre les Abkhazes et les G茅orgiens au mois d鈥檃o没t 1992. La Russie agit, l脿 aussi, comme m茅diateur et les trois parties s鈥檈ntendent pour d茅ployer une triple force de maintien de la paix et pour d茅sarmer la zone de conflit. La guerre a cependant continu茅 pendant plusieurs mois jusqu鈥櫭� la signature le 14 mai 1994.
Au d茅but des ann茅es 1990, malgr茅 la nouvelle ind茅pendance de la G茅orgie, la Russie a donc tout de m锚me 茅t茅 en mesure de d茅ployer des troupes sur ce territoire et d鈥檡 , sous le couvert de missions de maintien de la paix. Mais au sommet de l鈥橭SCE 脿 Istanbul en 1999, la G茅orgie et la Russie s鈥檈ntendent pour situ茅es sur le territoire g茅orgien. Les soldats russes quitteront finalement ces bases en novembre 2007.
Crise politique
En 2003 et 2004, la G茅orgie vit une crise politique 鈥� la 鈥� 脿 la suite de laquelle le pr茅sident Chevardnadze est remplac茅 par Mikhe茂l Saakachvili, qui tente alors de faire adh茅rer la G茅orgie 脿 l鈥橭TAN et 脿 l鈥橴nion europ茅enne.
脌 Moscou, ce tournant est afin de destituer Chevardnadze et de placer 脿 la t锚te du gouvernement g茅orgien un pr茅sident r茅solument tourn茅 vers les structures euro-atlantiques (dix ans plus tard, la m锚me lecture sera faite des 茅v茅nements du Ma茂dan en Ukraine). 脌 l鈥櫭﹑oque, le repr茅sentant russe aupr猫s de l鈥橭TAN, Dmitri Rogozine, affirme m锚me ouvertement que si la G茅orgie obtenait une r茅elle perspective d鈥檃dh茅sion 脿 l鈥橝lliance, les r茅publiques oss猫tes et abkhazes proclameraient imm茅diatement leur ind茅pendance.
Au mois d鈥檃o没t 2008, 脿 la suite de plusieurs accrochages entre les Oss猫tes et les G茅orgiens, un nouveau conflit se d茅clare. L鈥檃rm茅e g茅orgienne avance en territoire oss猫te jusqu鈥櫭� ce que la Russie intervienne militairement et s鈥檈ngage contre les troupes g茅orgiennes. L鈥檃rm茅e russe bombarde plusieurs villes g茅orgiennes pr猫s de la fronti猫re avec l鈥橭ss茅tie et d茅truit rapidement la majorit茅 de la force navale de Tbilissi ainsi que ses d茅fenses anti-a茅riennes. Le 12 ao没t 2008, les contre les troupes g茅orgiennes dans la r茅gion des Gorges de Kodori.
14 jours apr猫s le d茅but des hostilit茅s, la Russie de l鈥橭ss茅tie du Sud et de l鈥橝bkhazie. Moscou retire alors ses soldats du reste du territoire g茅orgien. L鈥檃rm茅e russe demeure toutefois pr茅sente sur les territoires oss猫te et abkhaze.
Cette guerre en G茅orgie a permis au Kremlin d鈥檃tteindre plusieurs objectifs. D鈥檃bord, par son attaque sur les bases militaires, l鈥檃viation et la marine g茅orgiennes, la Russie a consid茅rablement affaibli les capacit茅s militaires de Tbilissi. Cette campagne a aussi permis de tester les . La guerre de 2008 a mis un terme 脿 la possibilit茅 pour Tbilissi de rejoindre l鈥橭TAN .
La Russie a finalement gagn茅 le droit d鈥檃voir une base militaire et des troupes post茅es en permanence dans chacune des nouvelles r茅publiques. Sa pr茅sence militaire en G茅orgie est d猫s lors assur茅e.
De la G茅orgie 脿 l鈥橴kraine, de nombreuses similitudes
Bien des parall猫les peuvent 锚tre trac茅s entre les . Dans les deux cas, la Russie est intervenue sur le territoire d鈥檃nciennes r茅publiques sovi茅tiques en par la n茅cessit茅 de d茅fendre la s茅curit茅 de populations jug茅es favorables 脿 Moscou contre le gouvernement en place.
L茅galement, la Russie appuie ses deux interventions sur des arguments comparables aux raisons invoqu茅es par en 1999, et assister le processus d鈥檌nd茅pendance du Kosovo. Comme l鈥檈xpliquent 脿 propos de la guerre de G茅orgie :
芦 Il s鈥檃git pareillement d鈥檜n conflit survenu dans le processus de d茅composition d鈥檜n 脡tat communiste f茅d茅ral pour lequel l鈥檈thnicit茅虂 constituait l鈥檜n des principes organisateurs de la vie politique. Tant au Kosovo que dans les cas ayant cours dans la CEI, les rapports centre-pe虂riphe虂rie se situent au c艙ur du conflit : la suppression de l鈥檃utonomie politique par l鈥檃utorit茅虂 centrale constitue la source des conflits du Kosovo et de l鈥橭ss茅tie du Sud, tandis que la volont茅虂 d鈥檃ccroitre l鈥檃utonomie, voire de chercher l鈥檌nd茅pendance, serait a虁 la source des conflits de l鈥橝bkhazie. 禄
Dans son discours du 18 mars 2014 devant la Douma russe, Vladimir Poutine affirme 茅galement que ce qui a 茅t茅 permis pour les Kosovars en 1999 devrait 锚tre permis pour la Crim茅e et sa population. Au m锚me titre que le Kosovo, la Crim茅e est en droit de faire reconnaitre son ind茅pendance par la communaut茅 internationale. Il avait quelques ann茅es plus t么t pour justifier la reconnaissance par la Russie de l鈥檌nd茅pendance de l鈥橭ss茅tie du Sud et de l鈥橝bkhazie.
En 1999, lors du bombardement en Serbie, la Russie ne disposait pas des moyens 茅conomiques et militaires n茅cessaires pour s鈥檕pposer 脿 l鈥橭TAN. En 2008 en G茅orgie, et en 2014 puis 2022 en Ukraine, Moscou souhaite d茅montrer qu鈥檈lle est de en mesure de d茅fendre ce qu鈥檈lle per莽oit comme 茅tant ses int茅r锚ts.
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Les conflits en G茅orgie ont rapidement 茅t茅 interrompus par des cessez-le-feu et des n茅gociations tripartites incluant Tbilissi, Moscou et les repr茅sentants respectifs des r茅publiques oss猫tes et abkhazes. En Ukraine, apr猫s plus de dix jours de conflit et des , la Russie semble bien d茅termin茅e 脿 poursuivre l鈥檌ntervention.
Les sanctions suffiront-elles ?
脌 la suite des visant les bases militaires, l鈥檃viation et la marine ukrainienne, Moscou para卯t au moins vouloir atteindre les en 2008, 脿 savoir ent茅riner la perte par l鈥檃dversaire de deux r茅gions s茅paratistes, r茅duire consid茅rablement ses capacit茅s militaires pour des ann茅es et obtenir une assurance longue dur茅e sur sa non-adh茅sion ult茅rieure 脿 l鈥橭TAN.
脌 la diff茅rence de la G茅orgie, la communaut茅 internationale a rapidement r茅agi lors de l鈥檌nvasion de la Crim茅e en 2014 en . Elle a r茅agi de nouveau le 24 f茅vrier 2022, jour de l鈥檌nvasion de l鈥橴kraine, en imposant de nouvelles sanctions beaucoup plus s茅v猫res. Dans les huit derni猫res ann茅es, les sanctions n鈥檕nt pas suffi pour faire reculer la Russie et elles n鈥檕nt pas non plus r茅ussi 脿 pr茅venir l鈥檌nvasion actuelle. Cette fois, il n鈥檈st pas impossible que la s茅v茅rit茅 des nouvelles sanctions contraigne Moscou 脿 chercher une solution 脿 la table de n茅gociations plut么t qu鈥檃vec les armes鈥�
, Doctorante en histoire des relations internationales,
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