19 janvier 2024
14h30
Louvain-la-Neuve
LECL93 - Salle du Conseil
Le Recteur de l'Сư³æ´«Ã½ fait savoir que
Damien Pennetreau
soutiendra publiquement sa dissertation pour l'obtention du grade deÌýDoctorat en sciences politiques et sociales
Néolibéralisme banal ? (Dé)Politisation des politiques de l’emploi dans les discours citoyens et médiatiques. Une comparaison diachronique entre la Belgique et la France
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La (dé)politisation des politiques de l’emploi est un enjeu crucial. L’emploi est au cœur de nos sociétés et les politiques en la matière sont en processus permanent de réformes. La logique qui sous-tend les politiques a beaucoup évolué. Le principe de l’État social actif qui guide les politiques de l’emploi depuis le tournant des années ’80 et ’90 a engendré l’émergence de nouvelles approches qui se traduisent par une individualisation et une contractualisation des droits et qui reposent également sur des mécanismes de contrôles et de sanctions. Cette évolution des politiques de l’emploi a-t-elle suscitée des controverses dans le débat public ? Comment les citoyens perçoivent-ils les politiques l’emploi et qu’est-ce que cela révèle de leur conceptions politiques ?
Pour répondre à ces questions, cette recherche étudie la (dé)politisation des politiques de l’emploi dans les discours médiatiques et dans les discours des citoyens. La (dé)politisation peut être étudiée de diverses manières. L’approche adoptée ici met les conditions de réalisation de la politique au centre de la définition. Pour qu’il y ait politique, il faut que les problèmes rencontrés soient contingents, c’est-à -dire qu’il doit être possible d’agir collectivement pour régler ces problèmes. Si aucune action n’est possible, alors le problème rencontré n’est pas d’ordre politique. Cependant, pour que la possibilité d’agir soit réelle pour chacun, il faut aussi qu’il y ait controverse, c’est-à -dire qu’il doit être possible de proposer des solutions quant à la manière d’agir. Si tout le monde ne peut proposer de solution, alors la contingence, donc la politique, ne sont pas effectives. Pour identifier la (dé)politisation dans les discours, il faut donc y chercher les marqueurs de controverse et de contingence.
Empiriquement, l’analyse procède à une comparaison à trois niveaux. Les discours des citoyens et des médias sont mis en perspective au travers d’une analyse des cadrages. Plus spécifiquement des séquences de journaux télévisés des entretiens sont analysés. À ce premier niveau se combine un second : une comparaison entre la Belgique et la France. La (dé)politisation des discours à propos des politiques de l’emploi est susceptible d’être influencée par le contexte institutionnel, social et culturel. La comparaison entre les deux pays permet de prendre cette dimension en compte. Enfin, ces deux niveaux sont étudiés en perspective longitudinale. Pour prendre en compte l’évolution des politiques de l’emploi, la comparaison intègre en effet cette troisième dimension diachronique. Trois points dans le temps sont étudiés : 1995-96, 2005-06 et 2019.
Les résultats de l’analyse identifient quatre cadrages des politiques de l’emploi dans le débat publics et six dans les discours citoyens. Dans le débat public la contingence n’est que modérément présente et la controverse l’est assez peu. À l’inverse, les citoyens insistent beaucoup plus sur la contingence des politiques de l’emploi et s’engagent dans la controverse. Les discours dans le débat public sont donc dépolitisés, tandis que ceux des citoyens sont politisés. La dépolitisation dans les médias s’explique en partie par un consensus quant à la conception productiviste de l’économie. Une conception dont les traces s’observent dans les discours citoyens et qui indique un dilemme idéologique entre leur volonté de politiser les politiques de l’emploi et leur assimilation d’un commun économique qui complique leur capacité à les concevoir en-dehors de cette forme de productivisme banal.
Membres du jury
Prof. Claire Dupuy (UCLouvain), co-promotrice et secrétaire du jury
Prof. Virginie Van Ingelgom (UCLouvain), co-promotrice
Prof. Özlem Atikcan (Warwick university), comité d’accompagnement
Prof. Benoît Rihoux (UCLouvain), président du jury et comité d’accompagnement
Prof. Grégoire Lits (UCLouvain), évaluateur externe
Prof. Claudia Wiesner (Fulda Hochschule), évaluatriceÌýexterne
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