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Les maladies rares soutenues par le Prix Bauchau

Le 20 juin dernier, le professeur Gilles Vannuscorps s’est vu attribuer le Prix Bauchau 2024 pour son projet de recherche portant sur le syndrome de Moebius. Le Conseil de recherche de l’UCLouvain et la famille Bauchau ont été séduits par l’approche originale de son projet de recherche, centré sur le patient.

La soirée a débuté par le témoignage de Paul-Antoine de Neef, président de l’association Moebius France et lui-même atteint du syndrome de Moebius.

« Le syndrome de Moebius est caractérisé par deux symptômes présents dès la naissance chez les personnes qui en sont atteintes : la paralysie, plus ou moins sévère, des muscles du visage et celle des muscles responsables du mouvement horizontal des yeux », explique le professeur Gilles Vannuscorps qui dirige le Cognitive Neuropsychology Laboratory au croisement des sciences psychologiques et des neurosciences. Cette maladie neuromusculaire cause des troubles de la parole, de la nutrition, de la fermeture des yeux et une perte d’expression faciale. En effet, la capacité à bouger les muscles du visage et des yeux sont aussi très importantes pour les apprentissages, notamment de la lecture, de la reconnaissance des expressions faciales et des émotions ou encore des mathématiques.

Une approche originale

Là où la plupart des recherches sur le syndrome de Moebius se concentrent sur les causes génétiques ou sur des aspects épidémiologiques de cette maladie, Gilles Vannuscorps et ses collègues s’intéressent aux conséquences de ce syndrome sur les apprentissages et les fonctions cognitives, telles que la lecture, l’arithmétique ou encore la capacité à déplacer le regard et l’attention dans notre environnement. Mais aussi sur les stratégies que chacun.e développe pour pallier les difficultés rencontrées et qui pourraient profiter à d’autres personnes souffrant du syndrome de Moebius.

« En théorie, pour interpréter efficacement les expressions faciales des autres, il faut être capable de les réaliser soi-même », reprend Gilles Vannuscorps. « Et c’est effectivement une des difficultés que rencontrent la plupart de ces personnes.  Mais certaines parviennent malgré tout à interpréter les expressions faciales sans aucune difficulté. Le premier axe de ce projet de recherche visera à tenter de découvrir quelles sont les stratégies mises en place par ces dernières, en vue de pouvoir ensuite s’en inspirer pour tenter de pallier les difficultés des autres ».

Un autre axe consiste à analyser comment, en l’absence de mouvements horizontaux des yeux, ces personnes lisent-elles. « Nous bougeons les yeux des milliers de fois par heure et de manière très spécifique lorsque nous lisons », continue le spécialiste. « Les personnes atteintes du syndrome de Moebius imitent-elles les mouvements des yeux avec la tête ? Ou déplacent-elles leur regard de manière différente ? Qu’est-ce-qui pourrait rendre la lecture plus facile pour elles ? ». Autant de questions que les chercheurs comptent explorer.

Enfin, les mathématiques sont au cœur du troisième axe de recherche de ce projet. « Avec Nicolas Masson, expert du mouvement des yeux dans la résolution des opérations arithmétiques, nous allons tester par exemple si l’orientation des additions et des soustractions de haut en bas plutôt que de gauche à droite pourrait faciliter la lecture et la résolution des opérations chez les personnes souffrant du syndrome de Moebius ».

Le prix Bauchau va permettre à Gilles Vannuscorps de mener à bien ce projet avec son équipe mais aussi avec des collègues des Universités de Harvard (USA) et de Trento (Italie), ainsi qu’en étroite collaboration avec les associations belge et française de patients. Un laboratoire mobile a été entièrement pensé pour aller à la rencontre de ces patients avec les équipements adéquats et effectuer les tests qui permettront de comprendre les dessous de leurs stratégies d’adaptation pour ensuite améliorer la qualité de vie d’autres patients.

Le Prix Pierre et Colette Bauchau

Le Fonds Pierre et Colette Bauchau a été créé grâce à un don offert à l'UCLouvain par le Chevalier et Madame Bauchau. Ce fonds finance un prix, attribué tous les deux ans, qui récompense les recherches d'un jeune scientifique dans le domaine de l'énergie, de l'agriculture, de la lutte contre le sida ou des maladies rares. Pour cette édition 2024, la famille Bauchau a souhaité faire évoluer la thématique du sida vers les maladies rares. Plus de 7 000 maladies rares sont recencées, touchant plus de 600 000 personnes en Belgique dont seulement 400 maladies rares reconnues bénéficient d’un traitement thérapeutique approprié. Ce prix de 200 000 euros est un véritable accélérateur de recherche pour le lauréat.

Publié le 24 juin 2024