Le témoignage de Chloé Branders, officiellement docteure en criminologie de l’UCLouvain
« En vertu des pouvoirs qui nous sont conférés par les autorités de l’université. Nous proclamons donc Madame Chloé Branders docteure en criminologie avec les félicitations du jury … ». Cette phrase prononcée par le président de son jury, Chloé Branders l’a entendue à travers un écran à l’issue de la soutenance publique de sa thèse. Premières impressions ? « Ça s’est plutôt bien passé, je suis assez satisfaite, c’était un beau moment d’échanges », nous dit-elle.
Pourtant, organiser une défense de thèse publique virtuelle, c’est toute une opération ! « On a pris l’option de Zoom pour différentes fonctionnalités. Il y avait 8 membres du jury et on avait envie d’avoir des moments où on pouvait voir toutes les personnes sur l’écran. C’est le président du jury, Thierry Moreau, qui a imaginé tout le processus. L’idée, c’était de réussir à accrocher d’une certaine manière les "spectateurs et spectatrices", donc c’était vraiment lui qui avait la tâche de répartir la parole, d’amener les gens en premier plan et puis de les remettre "dans l’ombre" quand une autre personne prenait la parole. »
Un bouquet de fleurs symbolique
Il a aussi fallu trouver le meilleur cadre pour passer à l’écran. « D’abord j’étais devant ma fenêtre, mais j’étais toute blanche, donc il fallait que je trouve un autre espace dans le bureau pour être un peu moins fantomatique. Et puis après, dans un autre endroit, j’étais beaucoup plus rouge ! C’est un métier, d’être éclairagiste ;-). Donc j’ai opté pour un coin de bibliothèque derrière, comme on voit beaucoup pour l’instant, ça fait sérieux ! J’ai aussi mis un bouquet de fleurs reçu de l’un des membres du jury juste avant de commencer la défense. C’était symbolique.Ìý»
Et qui dit soutenance publique, dit…public ! « Pour la retransmission en direct, on a choisi l’option YouTube Live. Ça a vraiment permis de pouvoir diffuser de manière très large. À un moment donné, il y avait 150 personnes connectées. C’est assez étonnant d’avoir une aussi grande publicité autour de ça. L’autre avantage, c’est qu’il y a des personnes qui ont pu suivre de l’étranger. Je pense que pour le public, c’était peut-être plus confortable de suivre une thèse virtuellement. »
De chouettes retours et une envie de célébrerÌý
« J’ai eu des retours assez chouettes de personnes qui disaient que, justement elles avaient eu l’occasion de pouvoir un peu écouter, puis de pouvoir faire autre chose. J’ai eu aussi de très chouettes retours de personnes qui se sont rassemblées autour d’un écran ‘géant’, avec un apéro. J’ai l’impression que les gens autour de moi s’en sont aussi emparé pour faire une sorte de pause dans le confinement, et se dire "Allez, nous aussi, on a envie de fêter ça avec Chloé."
À la proclamation, on a invité des gens dans la réunion Zoom. Donc il y avait autant des amis, des personnes de ma famille, pas mal de mes collègues… Et tout le monde est arrivé en même temps, il y avait quelque chose de super spontané. Je trouve qu’il y a quelque chose aussi de très intimiste, comme çà , de voir en fait les gens qui viennent de chez eux. Évidemment, tout le monde ne sait pas parler en même temps, et en même temps, tout le monde parlait en même temps, et donc c’était chouette. Moi, j’ai bien aimé ce moment, j’ai trouvé ça vraiment très improbable, très marrant et vraiment très touchant, en même temps de voir tous les gens que j’apprécie me rejoindre comme ça …Ìý
« Ça y est, je suis docteure…J'ai un docetorat… J'ai un docetoquoi ? Un docetorat … Un docetorat … Un doctorat. » Ça, c’est fait ! Et maintenant, on a plein d’autres choses à vivre ensemble, vivement vous revoir, » conclut-elle.
La thèse de Chloé Branders porte sur le potentiel subversif des ateliers de théâtre menés dans les lieux d’enfermement (prison, IPPJ). Si vous souhaitez (2h50min) Si vous souhaitez (13min50) |
>> Lire aussi le témoignage de Louise Coppin, future docteure de l'UCLouvain, qui a passé sa défense privée par écrans interposés.ÌýÌý