Malgré l'annulation du concours de vulgarisation scientifique 'Ma thèse en 180 secondes', , et ont partagé leurs recherches en live avec un public virtuel. La première place a été remportée par Sarah Reuter, doctorante à l'Institute of Mechanics, Materials and Civil Engineering (iMMC)Ìýde l'UCLouvain, etÌýses recherches sur des stents biodégradables ! Interview.
Félicitations pour ta première place ! Comment as-tu vécu cette expérience en ligne et en live ?
Merci :-)Ìý! Au départ c'était un peu le flou total. On ne savait pas trop si le concours allait être annulé ou non. Puis quand on nous a laissé le choix de participer cette année ou d'attendre l'année prochaine, je me suis dit : "Pourquoi pas essayer dans ces conditions ?". Mais du coup, le ressenti est totalement différent. On ne voit pas le retour du public et on ne peut pas chercher du "courage" dans les yeux de notre famille et de nos ami·es. Mais d'un autre côté, ça permet à beaucoup plus de gens de pouvoir y participer et savoir que ma famille, au Maroc et ici, a pu visionner le concours dans ces conditions, a contrebalancé le manque de public live.
As-tu dû adapter ta prestation ?
La majorité est restée inchangée mais j'ai en effet un peu modifié mon texte avec l'aide des autres candidat·es UCLouvain lors de nos super séances de coaching données par Fanny Weytens. J'ai aussi adapté certains passages qui demandaient "l'interaction" du public.
Pourquoi est-il important de pouvoir vulgariser sa recherche ?
Ça permet de pouvoir mieux expliquer ce que l’on fait et d’intéresser des personnes hors de notre milieu scientifique. C’est aussi un bon moyen de voir si on a vraiment tout compris et de prendre du recul.
Quel est l’objectif de ta thèse ?
Je participe à un projet de recherche interdisciplinaire qui réunit des équipes en cardiologie, toxicologie, imagerie et ingénierie de l’UCLouvain. Le but est de trouver des nouveaux stents qui vont pouvoir se dégrader dans le corps avec le temps. Après six mois, l’artère est remodelée et a repris sa forme, ce qui rend le stent obsolète et peut entrainer des complications tardives. Pour éviter cela, on peut mettre en place des stents biodégradables. Dans ce projet, on étudie des moyens d’augmenter la vitesse de corrosion d’un acier dont les propriétés mécaniques sont excellentes mais qui n’est pas vraiment fait pour disparaître rapidement. J’essaye de changer la chimie de la surface pour acidifier et dissoudre le film qui se forme sur le métal et l’empêche de se dégrader. Pour y arriver, j’ai investigué deux pistes : l’hydrogène et un dépôt de polymère.
Qu’est-ce qui te plait le plus dans ton quotidien de chercheuse ?
Les manips’! C’est intéressant d’apprendre que des choses fonctionnent mieux ou moins bien, et de comprendre pourquoi. J’aime ce côté « terrain ».
Quel est l’aspect le plus compliqué d’une thèse, selon toi ?
Le côté expérimental même si c’est ce « terrain » que je préfère. Trouver la méthode la plus fiable, que l’on peut répéter, sans perdre trop de temps et d’argent, et ensuite décortiquer et analyser tout ce que l’on observe. Ces compétences scientifiques ne s’apprennent pas en cours.
un "bilan" positif ?
J’ai beaucoup gagné en indépendance, et j’ai aussi appris à prendre plus confiance en moi et à suivre à mes instincts. Ça m’a aidée à chercher de l’aide et à nouer des collaborations à l’étranger.
Comment as-tu vécu ta fin de thèse à distance ? Le confinement t’a-t-il compliqué la tâche ?
Au début ce n'était pas facile de s'adapter à un nouveau rythme. Mais le fait d'être loin du laboratoire m'a permis de me concentrer à temps plein sur la rédaction, ce qui en fin de thèse n'est pas plus mal. Je suis retournée au laboratoire faire quelques expériences depuis pour rattraper le retard de ce côté-là , mais de manière globale, je n'ai pas trop souffert du confinement. Pour ce qui est de la défense, j'espère que d'ici-là les choses seront revenues à la normale et que je pourrai défendre en présentiel :-).
As-tu déjà réfléchi à « l’après-thèse » ?
Après ma thèse, j’ai envie de prendre un peu de temps pour moi pour voyager et réfléchir à ce que je vais faire. Mais je pense que ce qui m’intéresserait vraiment, c’est de travailler sur un sujet qui a un impact sur l’environnement, comme le recyclage des métaux par exemple. J’ai besoin de voir l’impact de ce que je fais, de me sentir utile, pour des valeurs qui sont importantes pour moi.
>> Re-visionner les prestations de Sarah et des autres candidat·es
Photo : ©Benjamin Zwarts