Au total, depuis 1999, plus de 40 Chaires ont vu le jour 脿 l'UCLouvain.
Les Chaires sont des plateformes qui permettent l鈥檕rganisation d鈥檃ctivit茅s acad茅miques et/ou
scientifiques multiples :
- engagement d鈥檜n acad茅mique prometteur (Chaire acad茅mique)
- renforcement d鈥檜ne 茅quipe de recherche dans une discipline pr茅cise (Chaire de recherche)
- promotion de cette discipline au travers de colloques scientifiques et conf茅rences publiques
- en pr茅sence de 芦 grands formats 禄 internationaux
- en collaboration avec d鈥檃utres d茅partements (interdisciplinarit茅) et des universit茅s internationales
- ouvertes aux sp茅cialistes, professeurs, chercheurs, 茅tudiants et grand public
听
L'Institut RSCS b茅n茅ficie听des听recherches men茅es dans plusieurs chaires actuellement, soutenues par la Fondation Sedes Sapientiae, ou听par la Fondation Louvain, chaque projet 茅tant port茅 par un important m茅c茅nat sp茅cifique.听
-
La Chaire Droit & Religions
-
La Chaire en 茅thique des soins de sant茅
-
La Chaire en sciences islamiques
-
Le projet Art et Th茅ologies
Et on trouve traces ici des travaux collectifs men茅s ant茅rieurement et dont l'Institut entend souligner l'apport :
La Chaire Tol茅rance
Les jeunes ont-ils un probl猫me avec la tol茅rance aujourd鈥檋ui ?
De la guerre des styles aux dialogues des raisons
Mieux saisir les enjeux au coeur des tensions pour pouvoir mieux r茅agir demain
La premi猫re 茅tape (2015-2020) de ce projet (financ茅e par le m茅c茅nat De Mere et port茅e par les professeurs R茅gis Burnet, Louis-L茅on Christians et Brigitte Mar茅chal), constitue un des axes de l鈥橧nstitut RSCS autour des porteurs du projet et des doctorants en sociologie, droit et histoire. Ce projet s'inscrit dans une perspective longue de d茅ploiement et de financement de la recherche sur ces th茅matiques entre th茅ologie et sciences humaines.
Dans la majorit茅 des pays europ茅ens, la cohabitation des religions dans la cit茅 est r茅gl茅e par un syst猫me politique qui conna卯t certes des nuances, mais fonctionne 脿 peu pr猫s de mani猫re semblable sur un point : l鈥櫭塼at se dit neutre par rapport 脿 la religion, c鈥檈st-脿-dire qu鈥檌l affirme ne pas s鈥檌ng猫rer pas dans l鈥檕rganisation interne du culte; il en garantit le libre exercice et la pratique religieuse. Historiquement, ce cadre juridique g茅n茅ral a non seulement permis une coexistence pacifique des religions, mais, gr芒ce 脿 la promotion d鈥檜n principe d鈥櫭ゞalit茅 et 脿 la protection des libert茅s (notamment religieuses) individuelles et collectives qui sont ainsi assur茅es par l鈥櫭塼at, les convictions religieuses apparaissent m锚me s鈥檡 锚tre largement 茅panouies.
Toutefois avec le pluralisme socio-culturel croissant de nos soci茅t茅s, li茅 aux migrations, mais aussi aux divers processus de globalisation, non seulement de nombreuses questions 茅mergent quant aux modalit茅s concr猫tes de mise en 艙uvre de ce cadre juridique, mais le "vivre ensemble" appara卯t aussi de plus en plus un d茅fi majeur 脿 relever. Faut-il confondre dans un m锚me et unique rapport les normes, les valeurs et les styles de vie ? Comment articuler le respect des droits et l'estime sociale ? Comment d茅passer le sophisme apparent de certains distinguos entre le "priv茅" et le "public" ?
En Belgique, une recherche men茅e par le CISMOC pour la Fondation Roi Baudouin en 2006 montrait d茅j脿 combien et comment les relations entre musulmans et non-musulmans sont marqu茅es par des malaises r茅ciproques, notamment parce que chacun a l鈥檌mpression que l鈥檃utre constitue un obstacle 脿 la possibilit茅 de vraiment devenir soi-m锚me. Et en 2013, une enqu锚te importante r茅alis茅e par la m锚me 茅quipe 脿 Bruxelles dans des lieux dits de socialisation obligatoire (茅coles, entreprises, h么pitaux) ainsi que dans des clubs de sport et des maisons de jeunes, a mis en exergue les m锚mes constats tout en observant combien le foss茅 semble encore se creuser entre les populations, car de fortes tensions apparaissent dans les relations, qui semblent d茅sormais renforc茅es par le poids des imaginaires.
Les discours publics sont ainsi marqu茅s par des attitudes pol茅miques o霉 se confrontent des slogans st茅riles tels que ceux 茅voquant 芦 l鈥櫭ヽhec de l鈥檌nt茅gration 禄 ou encore 芦 la mont茅e de l鈥檌slamophobie 禄 dans la soci茅t茅 belge. Et ces accusations r茅ciproques qui rejettent toutes les responsabilit茅s des malaises sur l鈥檃utre conduisent 脿 des vies parall猫les, sur fond de conflits g茅opolitiques constamment actualis茅s au niveau international qui alimentent tous les fantasmes, la coh茅sion sociale appara卯t de moins en moins aller d鈥檈mbl茅e de soi. Les 茅v猫nements parisiens dans la R茅daction de Charlie Hebdo confortent encore plus ce climat pesant et paraissent polariser encore un peu plus les positions des uns et des autres.
Par-del脿 toutes les mesures qui sont progressivement adopt茅es et qui se rapportent notamment 脿 la pr茅vention du radicalisme, un th猫me nous appara卯t donc dor茅navant crucial 脿 revisiter : celui de la "tol茅rance". Certes ce concept a pu 锚tre d茅cri茅, au titre du m茅pris implicite dont il serait porteur. Il n'est de fait qu'une premi猫re porte dans un long chemin menant au respect mutuel. Les jeunes eux-aussi apparaissent tr猫s critiques de ce th猫me voire le d茅nigrent. Tout comme d鈥檃utres th猫mes tels ceux de la 芦 d茅mocratie 禄 ou de la 芦 neutralit茅 禄, celui de la 芦 tol茅rance 禄 appara卯t pour eux comme un fourre-tout trompeur du lexique m茅diatique.
Tol茅rance : un vocable m茅diatique
Le point de d茅part pragmatique du projet, tient 脿 l'observation que c'est bien ce concept de tol茅rance qui se trouve r茅guli猫rement mobilis茅, notamment par les politiques ou aussi par les principaux repr茅sentants religieux, ou pol茅miqu茅 par "les jeunes". Le projet entend ensuite montrer le d茅ficit de ce type de tensions, d猫s lors que celles-ci reposent sur des slogans tr猫s peu instruits des aspects historiques et contemporains, bref sur des consid茅rations rarement conceptualis茅es comme en atteste un lexique de la tol茅rance r茅guli猫rement mobilis茅 avec des connotations 茅clat茅es, voire antagoniques.
Tol茅rance : d'une bo卯te noire
脿 un alphabet intersubjectif de l'estime r茅ciproque
Plus pr茅cis茅ment encore, la perception de la tol茅rance demeure fr茅quemment chez les jeunes une "boite noire" que le projet entend contribuer 脿 ouvrir, non pas de fa莽on unilat茅rale, mais bien de fa莽on discursive et intersubjective. Comment une mobilisation des discours et des savoirs propres aux traditions invoqu茅es peut-elle contribuer 脿 coconstruire un alphabet commun du respect des droit et de l'estime des modes de vie, entendu comme outils de leurs adaptations progressivement r茅fl茅chies. Ce projet entend ainsi analyser les conditions nouvelles d鈥檜n dialogue des raisons, que les jeunes puissent s鈥檃pproprier, ouvert plut么t que rel茅gu茅 ou ignor茅. Le projet adopte une approche interdisciplinaire triangulaire et compar茅e entre christianisme, islam et s茅cularit茅, pour penser les tensions et leurs origines voire aussi les dispositifs futurs d鈥檜ne coh茅sion sociale respectueuse de chacun.
Tol茅rance, pudeur et pros茅lytisme chez les jeunes
Afin de s鈥檃xer sur des interrogations concr猫tes, cette chaire de recherche entend tester ces hypoth猫ses sur deux 芦 questions sensibles 禄, que l'on entend par ailleurs associer : les th茅matiques de la pudeur et les th茅matiques du pros茅lytisme, entre "bon aloi" et "mauvais aloi", tant dans les mouvements de jeunes, qu'en milieux hospitaliers, en entreprise ou 脿 l'茅cole.
Workshops et "jeudis de l'(in)tol茅rance"
Ce projet, port茅 par les professeurs R茅gis Burnet, Louis-L茅on Christians et Brigitte Mar茅chal, constitue un des axes f茅d茅rateurs pour l鈥橧nstitut RSCS autour des porteurs du projet et des doctorants en sociologie, droit et histoire. Il s鈥檌nscrit dans une perspective longue de d茅ploiement et de financement de la recherche sur ces th茅matiques entre th茅ologie et sciences humaines.
Au del脿 de plusieurs workshops marquant des 茅tapes fortes du projet, des manifestations de moindre ampleur auront lieu mensuellement, anim茅es par les doctorants. Il s鈥檃gira des 芦 Jeudis de l鈥�(in)tol茅rance 禄, qui ont donn茅 la possibilit茅 脿 de jeunes chercheurs de communiquer leurs travaux lors de courtes communications suivies d鈥檜n d茅bat.
2018-2019
4 octobre
Science et foi : quelle tole虂rance ? - Pr. Bernard Feltz (UCLouvain 鈥� ISP & IONS)
8 novembre
La pudeur religieuse au risque de la mixite虂 sociale - Le虂opold Vanbellingen (UCLouvain 鈥� RSCS)
6 d茅cembre
Tole虂rance et pudeur : quels ro虃les dans la reproduction sociale ? - Christine Godesar (UCLouvain 鈥� CISMOC)
7 fe虂vrier 2019
Le scoutisme catholique est-il prose虂lyte ? - Charles Melebeck (UCL 鈥� RSCS & ARCA)
7 mars
L鈥�(in)tole虂rance chez les Pe虁res de l鈥橢glise - Philippe Henne (Universite虂 catholique de Lille)
4 avril
Tole虂rance, rationalite虂 et croyances religieuses - Alejandro Perez (UCLouvain 鈥� RSCS)
2 mai
Pudeur et identite虂 catholique dans la JOC franc抬aise - Anthony Favier (Universite虂 Lumie虁re Lyon 2)
2017-2018
28 septembre
Islamophobie et morale sexuelle: pr茅jug茅s et discrimination ou conflit des valeurs? - Pr. Vassilis Saroglou (UCL)
19 octobre
Les enjeux juridiques des rapports entre religion et genre - Dr. St茅phanie Wattier (UNamur - UCL)
30 novembre
Divorce, vie conjugale et plaisir f茅minin en droit indon茅sien - Dr. Ayang Utriza Yakin (EHESS - UCL)
14 d茅cembre
Philosophie de la religion, corps et pudeur - Dr. Joaquim Hernandez-Dispaux (HELHa - UCL)
22 f茅vrier 2018
La tol茅rance, un exercice spirituel ? - Sophie Izoard-Allaux (UCL)
22 mars
Tension entre sexualit茅 et religion: qu'en dit la psychologie? - Caroline Rigo (UCL)
26 avril
Infractions p茅nales li茅es 脿 la pudeur en droit belge - Isabelle Wattier (Police de Bruxelles-Midi)
17 mai
Les jeunes scouts musulmans bruxellois face 脿 la pudeur - Tess Malcourant (UCL)
8 juin 2017
Corps, f茅minit茅 et gyn茅cologie 脿 Bruxelles aux XIXe et XXe si猫cles. Questions de pudeur, une question de pouvoir ? - Julie De Ganck
Tol茅rance : lexique moral et politique
Dans le cadre de cette Chaire de recherche, le concept de tol茅rance est con莽u 脿 la fois comme une vertu morale individuelle, mais 茅galement une valeur politique. On vise 脿 en cerner les contours de deux fa莽ons qui seront amen茅es 脿 constamment s鈥檈ntrecroiser pour mieux se questionner r茅ciproquement.
Tol茅rance : les discours
D鈥檜ne part, nous visons 脿 cerner et 脿 analyser les discours des jeunes 脿 propos de la tol茅rance, depuis diverses portes d鈥檈ntr茅e, mais aussi leurs r茅f茅rences et les fondements (antagoniques ?) de leurs interpr茅tations afin de saisir o霉 se situent les enjeux et tensions qui s鈥檡 donnent 脿 voir. Dans ce cadre, il sera important de tenir compte des v茅cus subjectifs des jeunes, tout en sachant que ce th猫me de la tol茅rance appara卯t crucial tant il se situe au coeur de la construction des rapports entre l鈥檌ndividu et l鈥櫭塼at, mais aussi entre l鈥檌ndividu et sa religion ainsi qu鈥檈ntre l鈥檌ndividu et le monde social en g茅n茅ral (au sein de son groupe de r茅f茅rence ou d鈥檃ppartenance sp茅cifique, mais aussi au-del脿). Comment parlent-ils/elles de ce th猫me ? Quelles connotations y accolent-ils/elles ? Pourquoi ce th猫me de la tol茅rance leur appara卯t-il pertinent ou non ? Comment, c鈥檈st-脿-dire selon quelles modalit茅s, depuis quelles dimensions ? Dans quelle mesure celui-ci est-il, ou non, per莽u comme limitant les libert茅s individuelles, voire antagonique 脿 celles-ci ? Comment par exemple cette forme de retenue ou de r茅serve qu鈥檌mpose l鈥檌njonction de tol茅rance face 脿 des choses ou des comportements que l鈥檕n d茅sapprouve ne vient-il pas contredire un imp茅ratif islamique tel que celui de 芦 l鈥檌njonction au bien et au pourchas du mal 禄 que chaque croyant est, selon certaines interpr茅tations, cens茅 rappeler 脿 tout coreligionnaire afin de le maintenir dans la 芦 voie droite 禄. Bref comment les jeunes, musulmans et les jeunes nonmusulmans, construisent-ils leurs rapports 脿 ce th猫me de la tol茅rance dans un contexte o霉 l鈥檌ndividualisme et le respect des droits individuels apparaissent sacralis茅s ? D鈥檃utre part, toutes ces investigations socio-anthropologiques seront 茅clair茅es 脿 la lumi猫re de recherches de nature juridique et historique qui viseront 脿 appr茅hender ce concept dans ses diff茅rentes dimensions.
Aborder ce th猫me de la tol茅rance, dans ses acceptions pass茅es et telles qu鈥檈lles se construisent 脿 l鈥櫭﹑oque contemporaine, nous appara卯t une 茅tape d茅cisive pour mieux cerner l鈥檜n des grands enjeux de la 芦 rencontre complexe 禄 (F. Dassetto) qui se joue aujourd鈥檋ui en Belgique et en Europe avec l鈥檌mportante pr茅sence de musulmans dans nos cit茅s qui sont porteurs d鈥檋istoires et de visions de l鈥檋omme et de la soci茅t茅 qui sont diff茅rentes de celles qui se sont d茅velopp茅es dans le contexte occidental.
Une premi猫re focalisation :
les jeunes de religions et convictions diff茅rentes
Premi猫re focalisation, le champ prioritaire choisi est celui des populations jeunes de 15 脿 25 ans, issus de milieux sociaux et de religions diff茅rentes. D鈥檜ne part parce qu鈥檌l y va de l鈥檃venir de nos soci茅t茅s. Mais aussi d鈥檃utre part, parce qu鈥檌l s鈥檡 op猫re aujourd鈥檋ui un tournant dans les modes de p茅dagogie sociale. Plus concr猫tement, il s鈥檃git d鈥檡 examiner d鈥檃bord les usages lexicaux religieux, le type de connaissance/ignorance/mise en oeuvre des argumentations issues de leurs ressources religieuses propres, de celles qui leur sont 茅trang猫res, et de celles de la soci茅t茅 civile. Ensuite, il s鈥檃git d鈥檈xaminer si et comment les politiques publiques ou religieuses contribuent 脿 orienter ces usages et selon quelles modalit茅s.
Une seconde focialisation :
le conflits des rationalit茅s
Une Seconde focalisation, le choix des th猫mes o霉 pourraient se jouer des conflits ouverts de rationalit茅 th茅ologique et s茅culi猫re. Il s鈥檃git pour le projet de revenir 脿 des 芦 questions sensibles 禄 pour 1掳 savoir quel est le contenu exact des traditions religieuses sur la question ; 2掳 comprendre ce qui est exactement en jeu dans les mobilisations voire les revendications des uns et des autres ; 3掳 proposer les limites d鈥檜ne cohabitation 芦 raisonnable 禄 dans laquelle les libert茅s de chacun sont garanties, mais la vie commune est possible.
La perspective du projet n鈥檈st pas en soi de reposer les termes d鈥檜n 芦 dialogue interreligieux 禄 dont la finalit茅 serait elle-m锚me th茅ologique. 脌 l鈥檃utre extr锚me, il ne s鈥檃git pas non plus de pr茅tendre que le facteur religieux soit l鈥檜nique facteur explicatif, qu鈥檌l s鈥檃girait d猫s lors de cerner selon des m茅thodes plus invasives.
Le projet entend analyser 鈥� comme un 茅l茅ment certes non suffisant, mais n茅cessaire 鈥� les formes de dialogue des raisons avec et au sein de la soci茅t茅 civile, et avec les raisons s茅culi猫res d鈥檜n 脡tat r茅put茅 neutre, non pas comme mutation de pratiques formelles, mais 脿 tout le moins comme une m茅diation d鈥檃rri猫re-plan apte 脿 faciliter les dispositifs de respect, d鈥檈stime sociale et de coh茅sion sociale.
La r茅ouverture des philosophies politiques contemporaines 脿 une prise au s茅rieux de la raison religieuse, tant chez John Rawls que chez Jurgen Habermas ou Jean-Marc Ferry par exemple, ont 茅t茅 depuis les ann茅es 1990 鈥� et sont encore 鈥� un lieu majeur pour probl茅matiser les enjeux d鈥檜ne parole reconstruite 脿 plusieurs voix : qu鈥檌l s鈥檃gisse d鈥檜n 芦 agir communicationnel 禄 ou d鈥檜ne 芦 religion r茅flexive 禄, il s鈥檃git de montrer le tournant occidental d鈥檜ne reconnaissance par l鈥檈ffort commun dans l鈥檌nterpellation des raisons, plut么t que des forces et des compromissions.
Ces prospectives ont 茅t茅 l鈥檕ccasion d鈥檜ne vaste litt茅rature en th茅ologie catholique, entrant en dialogue notamment avec J眉rgen Habermas, comme l鈥檃vait fait le Pape Benoit XVI lui-m锚me, alors cardinal Ratzinger. Cet exercice th茅ologique, qui n鈥檃 pas 茅t茅 men茅 avec l鈥橧slam selon les m锚mes formes, n鈥檃 pas 茅t茅 non plus confront茅 aux donn茅es sociologiques les plus concr猫tes, dans l鈥櫭﹎ergence de nouvelles pratiques sociales (bottom-up), voire dans certaines exp茅rimentations ponctuelles promues ou test茅es par autorit茅s publiques, tant nationales qu鈥檈urop茅ennes, notamment dans le cadre du dialogue soutenu par l鈥橴nion europ茅enne (art. 17 TFUE) ou par le Conseil de l鈥橢urope (Livre blanc du Dialogue interculturel) (top-down). Comment ces modalit茅s d鈥檌nteraction entre raisons et traditions peuvent-elles 锚tre formalis茅es pour fonder une gestion mieux instruite de la diversit茅 et plus apte 脿 faire 茅merger des attitudes concr猫tes de tol茅rance ? Les hypoth猫ses de base de la recherche, centr茅es sur la mobilisation des arri猫re-plans th茅ologiques et lexicaux des diff茅rentes parties, ne resteront pas th茅oriques. Elles seront test茅es non seulement dans une approche historique de l鈥櫭﹙olution des concepts et des p茅dagogies de la tol茅rance au cours au cours du XXe si猫cle, mais aussi dans une approche juridique de leurs potentialit茅s concr猫tes en droit belge et europ茅en, et ce dans des lieux institutionnels concrets.
Deux sous-th茅matiques : pudeur et pros茅lytisme
Parall猫lement 脿 ces deux focalisations susmentionn茅es, une attention sp茅cifique sera accord茅e, lors de colloques, 脿 deux questions 芦 sensibles 禄 relativement 脿 la question g茅n茅rale de la tol茅rance : la pudeur et le p r o s 茅 l y t i s m e . Ces deux colloques successifs permettront d鈥檃limenter les r茅flexions et d茅bats relativement aux recherches men茅es par les doctorants.
Entre socio-anthropologie, droit, histoire et th茅ologie Loin de laisser le religieux dans un 茅tat de bo卯te noire muette et ininterrog茅e, il s鈥檃git d鈥檈xaminer comment les ressources th茅ologiques et discursives peuvent 锚tre mobilis茅es tant dans le christianisme que dans l鈥檌slam, mais aussi chez des jeunes qui se disent plut么t humanistes ou rationalistes, pour construire les conditions d鈥檜n monde commun, tol茅rant et respectueux plut么t qu鈥檃rbitraire, autoritaire, ou vide de sens.
Outputs et recommandations pratiques
Dans le cadre de cette recherche o霉 s鈥檈ntrecroisent analyses socio-anthropologique, historique et juridique, le projet vise tout d鈥檃bord 脿 mieux comprendre o霉 se situent les tensions et les modalit茅s selon lesquelles celles-ci se sont exprim茅es historiquement et aujourd鈥檋ui. Il porte notamment sur des champs concrets, comme celui du milieu hospitalier universitaire o霉 se c么toient jeunes 茅tudiants et jeunes adultes patients ou employ茅s. L鈥檃pproche juridique permettra d鈥檕p茅rationnaliser les constats sociologiques et p茅dagogiques dans des recommandations et par la validation de bonnes pratiques. Ces recommandations seront elles-m锚mes attentives 脿 la diversit茅 des mod猫les de gestion de la diversit茅, en particulier 脿 la question de la diff茅renciation entre gestion publique et priv茅e de la diversit茅 religieuse. De ce point de vue, les renforcements lexicaux de la tol茅rance ne se concevront pas seulement du c么t茅 des individus, usagers publics ou priv茅s, mais aussi comme un know how institutionnel et collectif 脿 sp茅cifier.
Colloque international Islam & pudeur - 3 et 4 d茅cembre 2020 via zoom
Avec une quinzaine de communications ainsi que des keynote speeches des Prof. Dominique AVON (Paris), Christian LANGE (Utrecht) et Aymon KREIL (Gand)
Dans la cadre de la d茅marche interreligieuse de la Chaire tol茅rance de Mere de l鈥櫺∑俺娲�, diverses th茅matiques sont approch茅es comme autant de lieux sensibles dans les relations entre christianisme et islam et avec une attention particuli猫re aux attitudes de la jeunesse. La pr茅sente conf茅rence se centrera sur le th猫me de la pudeur (hay芒鈥�) dans l鈥橧slam, ses conceptions, ses r茅ceptions et ses perceptions dans le monde musulman et le monde occidental. Comment comprendre les tensions majeures qui surviennent aujourd鈥檋ui sans une compr茅hension plus pr茅cise et mieux ancr茅e de la tradition islamique et de ses contextes, mais aussi dans ses lectures crois茅es et ses r茅interpr茅tations externes ?
Dans l鈥檕rthodoxie musulmane, la pudeur constitue une valeur religieuse fondamentale: juridique, mystique, et th茅ologique. Elle est un 茅l茅ment central de la justification 茅thique et morale de chaque individu, hommes et femmes. Etonnament, pendant ces derni猫res d茅cennies, la pudeur n鈥檃 apparemment plus vis茅 que les femmes musulmanes. Pourquoi ? Au moment o霉 l鈥橭ccident est 茅branl茅 par les mouvements #metoo, comment analyser aussi le statut des hommes en Islam ?
La question de la pudeur f茅minine en islam s鈥檈st progressivement durcie depuis une trentaine d鈥檃nn茅es. Comment analyser de nombreuses attitudes li茅es 脿 la pudeur, comme le refus de serrer la main d鈥檜ne personne de l鈥檃utre sexe, la s茅gr茅gation entre hommes et femmes en certains lieux d鈥檌ntimit茅, la r茅probation des repr茅sentations sexuelles au cin茅ma ou dans les clips vid茅o ? La pudeur des musulmans, telle qu鈥檈lle est con莽ue ou per莽ue, est-elle incompatible avec des valeurs europ茅ennes occidentales ?
Dans la multiplicit茅 des facteurs interpr茅tatifs de ces tensions (traditionnelles, culturelles, civilisationnelles, politiques, 茅conomiques, genr茅es etc), comment analyser l鈥檌ncidence d鈥檜ne meilleure compr茅hension des r茅f茅rents religieux et des espaces discursifs qu鈥檌ls ouvrent ?
Que signifierait ainsi que la mystique musulmane place la pudeur dans une relation d鈥檌nt茅riorit茅 du c艙ur, comme une purification existentielle? Peut-on dire, et avec quelle port茅e, que la pudeur devient une cat茅gorie th茅ologique dans la foi musulmane ? Comment l鈥橧slam con莽oit-il plus largement le corps des 锚tres humains et les relations entre les personnes ?
La conf茅rence se saisira somme toute de la question suivante : Comment une meilleure connaissance des traditions et de leur sens permettrait-elle de construire un dialogue des raisons plut么t qu鈥檜ne disqualification mutuelle et abrupte des styles de vie ?
Table-ronde Pudeurs & religions - 16 mai 2017
