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(new) Material studies & poésie

ECR

Cycle de conférences sur les (new) material studies et la poésie
Premier quadrimestre, année académique 2021-2022

Le material turn (« tournant matériel ») de la critique littéraire s’intéresse aux questions relatives à la conception des livres, aux formats d’impression et à la typographie. Il se manifeste, entre autres, par une attention accrue portée aux dispositifs des oeuvres littéraires, à la pratique des livres d’artistes et à la recherche sur la poésie d’avant-garde. On a ainsi observé ces dernières décennies un intérêt nouveau, aussi dans les éٳܻ littéraires (comparées), pour la matière, la matérialité, la matérialisation et l’objet, également dans sa capacité et puissance à agir (agency), en deçà du sujet ou dans l’inter-/co-dépendance entre humains, environnements et objets.

Suivant N. Katherine Hayles, les material studies conduisent, de manière nécessaire, à repenser la textualité: “The issue goes to the heart of what we think a text is, and at the heart of the heart is the belief that work and text are immaterial constructions independent of the substrates in which they are instantiated. We urgently need to rethink this assumption, for as long as it remains intact, efforts to account for the specificities of print and electronic media will be hamstrung. […] Perhaps it is time to
think the unthinkable—to posit a notion of text that is not dematerialized and that does depend on the substrate in which it is instantiated. Rather than stretch the fiction of dematerialization thinner and thinner, why not explore the possibilities of texts that thrive on the entwining of physicality with informational structure?” (N. Katherine Hayles, ‘Translating Media: Why We Should Rethink Textuality’, The Yale Journal of Criticism, 16(2), 2003, pp. 270-71, 275). Dans un numéro special de Comparative Literature de 2018 consacré au ‘material turn’, Kiene Brillenburg Wurth pointe le changement de paradigme global, faisant émerger de nouveaux enjeux: “[…] one could say that the texture of such songs and stories, whether chanted, written, or printed, was seen mostly as a stepping stone for the construction of a hidden, derived text hovering beyond the materiality of words and letters. […] When meaning is thought of as figural, matter has a hard time coming into the interpreter’s view as significant
in itself. It is merely a carrier or vehicle for something unseen and undisclosed, waiting to be clarified. […] But what if […] the apparent were significant in literary analysis? What about a hermeneutics of things, rather than of ideas beyond things: a hermeneutics of letters, words, texts, and books as artefacts?” (Kiene Brillenburg Wurth, ‘The Material Turn in Comparative Literature: An Introduction’, Comparative Literature, 70(3), 2018, pp. 247-49). Kiene Brillenburg Wurth circonscrit dès lors le
paradigme néo-matérialiste (new material turn) comme un “post-” ou “non-human turn”: “it aims to explore how things speak, how they affect, condition, and mould us—and how we need them […]” (p. 250). C’est pourquoi elle conçoit “[…] the materialization of narrative on paper as an imaginary activity and affective experience” (p. 247), qui, dans le sillage des media studies, résulte directement de la manière dont l’humain est pris dans un réseau matériel d’extensions sensorielles (p. 250).

Si « radical relationality, the agency of things, and affect » sont identifiés par Kiene Brillenburg Wurth comme les 3 dimensions du new materialism dans les éٳܻ comparées, malgré ce point focal pour l’imagination relationnelle, l’affect et l’émotion notamment, constitutifs pour l’expérience poétique, peu d’éٳܻ dans le domaine des (new) material studies semblent s’être penchées à l’heure actuelle sur le genre spécifique de la poésie dans son support textuel matérialisé, hors du digital ou de
l’électronique. En effet, bien que, comme l’affirme Kiene Brillenburg Wurth dans ce numéro spécial, de nombreux ouvrages aient déjà été consacrés à la poésie expérimentale et d’avant-garde dans les milieux anglo-américains (pensons aux travaux de Marjorie Perloff, Kenneth Goldsmith ou Charles Bernstein), il nous semble important de considérer de plus près le potentiel affectif du langage poétique en tant qu’agent matériel (c’est-à-dire en tant que son et en tant qu’écriture, conçue comme “an art of letters”) dans d’autres domaines linguistiques et en dehors de la théorie cognitive. C’est à ce champ d’éٳܻ croisé que ce cycle de conférences souhaite ouvrir et contribuer par la discussion.

Contacts :

Stéphanie VanastenHelena Van Praet

Programme :

Opening Lecture par Kiene Brillenburg Wurth

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