Illustration : Luc SchuitenÌý©
Le lac de Louvain-la-Neuve, le bois de Lauzelle, les différents espaces verts… L’UCLouvain coordonne et renforce ses mesures concrètes de protection, de gestion et de restauration de la faune et de la flore déjà mises en place depuis de nombreuses années. Une façon, entre autres, de contribuer à la réalisation des objectifs de conservation des sites Natura 2000 et à la préservation des populations et habitats d’espèces présentes sur ses sites. Une dynamique qui prend aussi en comtpte la nature plus « ordinaire », tout aussi essentielle au bien-être de la communauté universitaire et des habitant·es des sites de l’UCLouvain.
Des outils pour établir une stratégie de trame verte et bleue
Il s’agissait dans un premier temps d’établir un état des lieux de la situation, avec ses éléments forts et ses faiblesses. En termes de biodiversité et grâce à la mise en place d’une convention avec Natogora pour établir le sous-portail « UCLouvain.observations.be », ce sont près de 55 000 observations sur Louvain-la-Neuve et 6 000 sur Woluwe qui ont été analysées. Sur les deux sites principaux de l’Université, entre 35 % et 40 % des espèces dites d’intérêt communautaire ont été observées depuis 2008. C’est donc un réel enjeu de conservation, en particulier des deux sites classés Natura 2000 : le Bois de Lauzelle à Louvain-la-Neuve et les prairies humides de l’Hof Ter Musschen à Woluwe, mais également d’autres espaces verts d’importance tels que le lac à Louvain-la-Neuve.
En termes de connectivité, cet état des lieux a principalement montré que le territoire de Louvain-la-Neuve se situe au cœur d’un paysage hétérogène, composé de milieux forestiers, de milieux ouverts et de cultures, ce qui valorise une diversité d’espèces. En revanche, les grands axes routiers représentent des éléments de fragmentation importants, isolant ainsi le site et ses réservoirs de biodiversité. Au sein de la ville, le centre urbain est un élément de fragmentation de taille, ne permettant à la faune ni de s’installer (réservoirs), ni de traverser (corridors).
De cet état des lieux découle un outil d’analyse de l’impact de divers aménagements sur la connectivité globale du site. Cet outil permet notamment de tester la connectivité des alternatives d’aménagement et leurs impacts plus ou moins favorables pour la biodiversité.
Par exemple : la mise en place de prairies de maigre fauche comme mesures compensatoires à la suite de travaux d’urbanisation sur des milieux ouverts.
Le Bois de Lauzelle
Véritable puits de CO2 bordant le site de Louvain-la-Neuve, le bois de Lauzelle appartient à l’Université tout en étant géré par le Service de gestion du patrimoine – Espaces Extérieurs (GPEX), l’équipe forestière du Earth and Life Institute et la Faculté des bioingénieurs. Labellisé Zone Natura 2000, , cette zone boisée remplit plusieurs fonctions qui requièrent un équilibre entre activité humaine et respect de la nature :
- être au service de l’enseignement et de la recherche;
- accueillir le public;
- produire du bois.
Dans cet espace préservé, la protection de divers biotopes est une priorité. Revitaliseur à la biodiversité, l’étrépage est notamment pratiqué dans deux zones distinctes. Cet appauvrissement du sol superficiel a pour but de favoriser l’apparition d’espèces pionnières et la renaturalisation. Ici, les populations de la faune et la flore vivent en symbiose. Une communauté d’une vingtaine de chevreuils s’autorégule notamment sans chasse. La pression automobile alentours prélève chaque année plusieurs membres de cette espèce.
Au bois de Lauzelle, la régénération des arbres est devenue naturelle. Bien que périurbain, le bois qui assure les fonctions majeures d’épuration des eaux et de capture de carbone, conserve son caractère sauvage. L’abattage des arbres se fait obligatoirement en accord avec un plan d’aménagement forestier garantissant la pérennité des espèces. Les essences sous représentées bénéficient d’une protection particulière et un contrôle strict des prélèvements est aussi assuré afin que le nombre d’arbres débités soit inférieur à l’accroissement.
Protégé à de multiples égards, notamment contre l’étendue des espèces invasives telles que le Prunus serotina, ce patrimoine sylvicole est aujourd’hui en partie répertorié dans un arboretum centré sur les espèces non indigènes. Près de 400 arbres ont aussi été mis en défens afin de pérenniser chênes, hêtres, charmes ou encore pins capables de vivre encore quatre ou cinq siècles. Répertoriés, ces élus sont devenus intouchables, mis à l’abri de toute activité humaine, laissés à leurs seuls destins naturels.
Le bois de Lauzelle décroche le label PEFC, attestant de sa gestion durable
Fin 2021, le bois a reçu le label PEFC, attestant de la gestion durable de la forêt. La grande majorité des superficies forestières certifiées PEFC sont publiques. À ce jour, seuls 13 % des forêts privées wallonnes ont reçu ce label.ÌýL'objectif prioritaire de la gestion du bois de LauzelleÌý? LeÌýmaintien à long terme des services écosystémiques.
Le plan d’aménagement du bois de Lauzelle (2015-2035) s’inscrit dans une démarche de gestion durable de la forêt. L’objectif prioritaire de ce plan ? Maintenir une forêt multifonctionnelle pour fournir tous les services écosystémiques associés : culturels (accueil du public), de régulation (protection des eaux et des sols, qualité de l’air, etc.), de soutien (biodiversité) et d’approvisionnement.
Le bois de Lauzelle joue un rôle majeur dans le maillage écologique (trames verte et bleue) puisque il est considéré comme zone noyau du maillage sur le territoire.
Le lac de Louvain-la-Neuve
Il est le réceptacle des eaux de pluie de Louvain-la-Neuve, son bassin d’orage mais le lac est aussi un lieu d’accueil privilégié de la biodiversité. Ses cinq hectares en font un poumon de nature au bas de la ville. Il est notamment l’une des haltes de certaines espèces d’oiseaux migrateurs.
Surveillé de près par le Service de gestion du patrimoine – Espaces Extérieurs (GPEX), le lac de Louvain-la-Neuve nécessite régulièrement des mises en assec entières ou partielles tant il emmagasine des pollutions fréquentes via les avaloirs notamment. La dernière en date a eu lieu en 2019 en réponse à la disparition, entre autres, des nénuphars et roseaux massettes. Après le transfert de poissons, comme les petits gardons ou les rotengles, dans les piscicultures de l’UCLouvain et auprès du Département de la Nature et des Forêts wallon, le lac a été entièrement vidé et ses eaux acheminées vers la Malaise et la Dyle. La vase, à l’air libre, a alors pu débuter son processus de reminéralisation. Au printemps, la végétation a repris peu à peu ses droits laissant place à du plantain d’eau, des épilobes, de la véronique, de la renoncule scélérate, etc. En tout, ce sont plus de 150 espèces végétales différentes qui sont réapparues.
En parallèle, le béton de bordure a été réaménagé, les lagunages remis en état, les cinq îles flottantes restaurées avant l’ouverture des vannes et le retour de la faune. De quoi permettre aux joggeurs sur la piste finlandaise ou aux passant·es tout au long de « la rêverie du promeneur solitaire » de profiter au maximum de cet havre de nature urbain.
Trois mises en assec
Aménagé en 1984, le lac de Louvain-la-Neuve a vécu en 2019 sa troisième mise en assec. La première, totale, a été réalisée en 2009. La deuxième, partielle en 2014, s’est soldée par un échec car la reminéralisation de la vase n’a pu se réaliser correctement. Une expérience dont les leçons ont été tirées pour le dernier assainissement lancé cinq ans plus tard.
La gestion de l’eau
A Louvain-la-Neuve, 63% des eaux fluviales suivent les voies d’écoulement de surface, contre seulement 10% dans les zones urbaines classiques. Cette réalité, unique en Belgique, découle de la volonté des concepteurs et conceptrices de la cité universitaire : créer une ville dotée d’une gestion consciencieuse et intégrée de l’eau. Malgré la rapidité de création du site, aucun compromis n’a été fait, maintenant intacte la priorité de respecter l’équilibre de la nappe phréatique. 50 ans plus tard, cet idéal est toujours nourri et même amélioré. Quelles en sont les particularités ?
Une infiltration locale
Nombreux ont été les choix architecturaux posés pour permettre l’infiltration directe de l’eau dans le sol. Jardins, pavés, parkings, espaces verts ont été conçus et répartis pour alimenter directement la nappe phréatique représentant près de 240 fois le volume du lac. Celui-ci sert d’ailleurs de bassin d’orage capable de récolter les eaux de ruissellement grâce à la perméabilité partielle de son site.
Des pompages raisonnés
Dès son implantation à Louvain-la-Neuve, l’Université fit le pari d’une gestion innovante des ressources en eau. Cette démarche conditionna des choix stratégiques tels que la réalisation d’un réseau d’égouttage séparatif (eaux pluviales gérées indépendamment des eaux usées) ou encore le forage de captages d’eau souterraine.
Aujourd’hui encore, ces captages sont exploités et alimentent en eau potable, certains bâtiments UCLouvain du haut de la ville (quartier des sciences). Cet approvisionnement local est géré de façon durable par les équipes de l’ADPI qui veillent à fournir au quotidien une eau potable de qualité et en quantité suffisante, de façon à répondre aux besoins de l’Université tout en préservant la ressource.
En termes de quantité, grâce à des choix techniques plus économes en eau, les volumes captés et distribués ont pu être réduits de plus de 50% en 10 ans, passant de plus de 400.000 m³/an à 200.000 m³/an. Au total, c’est plus de 18 millions de m³ qui ont été captés à Louvain-la-Neuve par l’UCLouvain en 50 ans ! Désormais, l’objectif est de réduire les consommations énergétiques liées à la distribution d’eau (pompes, compresseurs, etc.).
Un double réseau d’égouttage
Ne pas diluer les eaux usées pour plus d’efficacité à l’épuration. Cette idée simple mais ingénieuse est mise en pratique via un double réseau d’égouttage. L’un se charge des eaux de pluie, directement acheminées vers le lac. Dans l’autre, les eaux usées se déversent et prennent le chemin de la station d’épuration.
Une qualité rigoureusement surveillée
Sur le plan qualitatif, l’eau captée présente un profil minéral équilibré et similaire à celui de plusieurs eaux commercialisées. Ces caractéristiques et notamment sa richesse en calcium et magnésium lui confèrent une dureté relativement élevée (37°F).
Malgré le passé agricole de la région, les concentrations en nitrates sont de moitié inférieures à la valeur paramétrique imposée. Les éventuels résidus de pesticides sont éliminés par filtration sur charbon actif. L’eau distribuée répond ainsi totalement aux normes en vigueur.
L’UCLouvain s’assure de la potabilité de l’eau qu’elle distribue grâce à plus de 200 prélèvements par an sur l’ensemble de la chaine de production et de distribution. Ces prélèvements réguliers et les analyses sont réalisés par un laboratoire indépendant et accrédité, conformément aux directives du Code Wallon de l’eau.
Enfin, les nappes phréatiques du Bruxellien étant une ressource fragile, les équipes ADPI monitorent de façon préventive les eaux présentent dans le sol au travers d’un réseau maillé de piézomètres. Ces piézomètres sont des ouvrages forés, permettant une surveillance qualitative et quantitative des eaux souterraines.
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Et sur les autres sites ?
Les autres campus universitaires sont alimentés par le réseau d’eau de ville classique mais bénéficient d’une gestion de l’eau raisonnée. A Bruxelles, deux captages historiques sont utilisés à des fins de refroidissement industriel.
La nature urbaine respectée
Fini le glyphosate. Le processus avait été entamé dès 2011, mais en 2016, l’UCLouvain et son Service de gestion du patrimoine – Espaces Extérieurs (GPEX) décident de supprimer totalement tout usage de produits phytosanitaires dans la gestion de ses espaces verts. Une décision qui a anticipé l’interdiction émanant de la Région wallonne rendue effective dès 2019.
Dans les quartiers louvanistes, tout est donc désherbé à la vapeur d’eau. Une méthode naturelle qui n’entrave pas la biodiversité. D’autres l’encouragent même comme la fauche tardive qui s’applique à de plus en plus d’espaces de verdure. Les 240.000 m2 de surface totale de Louvain-la-Neuve comptabilisent aujourd’hui 86.000 m2 de terrain traités en fauche, soit une augmentation de 22 à 36% en 10 ans. Sur les 100 hectares que compte le Centre Alphonse de Marbaix, quelques deux kilomètres de haies ont aussi été plantés, à l’initiative du Kap Vert, pour délimiter les espaces des fermes universitaires de manière écologique.
Prés fleuris, installations d’hôtels à insectes et de nichoirs, haies de groseilliers ou petits vergers s’ajoutent à ces initiatives prises en faveur à l’épanouissement de la biodiversité urbaine sur l’ensemble des sites de l’Université.
On ne compte en effet plus les espaces verts laissés en fauchage tardif ainsi que les prés fleuris qui s’épanouissent dans de nombreux endroits du campus.
Un nouvel envol d’hirondelles
Louvain-la-Neuve, nouveau berceau protecteur des hirondelles et martinets noirs dont la population a diminué de 45% en 30 ans dans nos régions ? Telle est l’idée d’un groupe de membres du personnel dont le projet, soutenu par l’Université, propose un plan d’action concret et collaboratif. Après un recensement préliminaire des spécimens présents sur le site, ce programme réunit, autour du projet, le personnel, les étudiant∙es, les habitant∙es et les écoles. Durant l’hiver 2018, 200 nids d’hirondelles et 36 de martinets ont été installés dans le but de mener des é³Ù³Ü»å±ð²õ scientifiques basées sur la protection et l’éthologie de ces deux espèces d’oiseaux.
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L'Hof Ter Musschen
Jouxtant le site de Woluwé, , labellisées Natura2000, sont une image typique des paysages ruraux brabançons. Ce sont près de 10 ha, dont 6 ha appartiennent à l'université, qui sont gérés par la Commission de l'Environnement de Bruxelles et Environs (CEBE).
Prairies humides, roselières, peupleraie, chênaie, mares, verger, haies, chemins creux, autant de biotopes favorables à une biodiversité importante
Le bon réflexe :
Vous avez entendu un oiseau ? Vu une plante ? Aperçu un papillon ? Si vous vous questionnez sur l’espèce que vous observez, vous pouvez l’identifier à l’aide d’une simple photographie et de votre smartphone via l’application ObsIdentify (sur Android). Si vous êtes déjà un connaisseur, partagez vos observations sur Observations.be ou sur l'application ObsMapp (sur Android) ou iObs (sur Apple).
Que vous soyez naturaliste professionnel ou amateur, vos observations nous intéressent. Toutes les données encodées sur les sites universitaires de Louvain-la-Neuve, Woluwe-Saint-Lambert et Mons permettent aux scientifiques, aux étudiants et aux gestionnaires de l’UCLouvain de mieux comprendre la biodiversité afin d’améliorer la conservation des espèces.
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