Depuis maintenant plusieurs semaines, le coronavirus occupe une place prépondérante dans l’espace médiatique. On le retrouve partout, tous les journaux traitent le sujet.
La couverture médiatique se distingue en deux temps.
- Le premier tournant date du moment où l’épidémie était cantonnée en Chine.
- Le deuxième tournant représente le moment où la maladie est arrivée en Belgique.
Mais une question revient régulièrement, les médias en font-ils trop ?
Le coronavirus est un événement extraordinaire, d’envergure mondiale. Il est caractérisé par son caractère risqué.
Au départ, le risque principal était la propagation mondiale de la maladie. La littérature médiatique sur les risques montre qu’une maladie exceptionnelle, nouvelle, inconnue, qui fait peur aura un impact amplifié dans les médias. La comparaison peut être faite avec d’autres événements comme des catastrophes nucléaires (exemple : Tchernobyl) qui ont lieu à l’autre bout du monde, mais qui ont un écho médiatique très important.
Aujourd’hui, les médias participent à la gestion du risque au niveau local. La théorie de l’amplification sociale des risques montre que certains risques (tel que le risque d’épidémie de coronavirus) sont susceptibles de connaître un phénomène d’amplification (ils seront perçus comme plus important que ce que suggèrent les modèles scientifiques) en fonction de leur traitement médiatique. Différentes variables influent sur ce processus d’amplification de la perception du risque dans la population.
Une communication de ces risques permet de prévenir et de gérer la crise, le problème existant. Le phénomène du Coronavirus se distingue en deux catégories de risques à gérerÌý:
- La maladie en tant que telle qu’il faut contrôler pour éviter sa propagation
- Des risques secondaires de type sociaux et économiques. Ce sont des risques d’un second ordre à gérer et qui seront liés à la perception du risque d’épidémie par le grand public. Plus les risques liés à l’épidémie seront perçus comme important, plus les conséquences sociales et économiques de l’épidémie pourraient être amplifiées.
Les médias ont un rôle important dans la perception de ces risques qui diffère en fonction de la population touchée. Un médecin, un scientifique, ou une personne lambda n’utiliseront pas le même cadre, ou les mêmes valeurs, pour mesurer les risques de l’épidémie. Les professionnels de l’information, et principalement les journalistes, jouent un rôle central dans ce processus d’amplification (ou de prévention de l’amplification) de la perception des conséquences possibles du coronavirus.
Grégoire Lits
Professeur de sociologie à l’Observatoire des médias et du journalisme de l’UCLouvain.